1905
Gilbert Trolliet, fils de Daniel Trolliet, agriculteur, et d'Alice, née Clottu, naît le 13
juin à Chiètres dans le canton de Fribourg, en
Suisse.
La petite enfance de Gilbert Trolliet se déroule
dans le canton de Neuchâtel; il est entouré de son
frère Jean et sa sœur Manon, la cadette. Cette
dernière épousera Maurice Novarina, architecte et
urbaniste français, et aura deux fils, Valère et
Patrice. Ces deux neveux de Gilbert Trolliet seront écrivain, dramaturge, metteur en scène et peintre pour le premier, et architecte pour le second.
Gilbert
Trolliet suit sa scolarité primaire au cœur de la
campagne entre Cressier et Neuchâtel.
1918-1922
À la fin de la Grande Guerre, la famille
Trolliet s'installe dans le quartier de Saint-Jean à
Genève. Gilbert est élève au collège
Calvin.
1923-1925
Trolliet passe une année en Allemagne,
à Mannheim, en Rhénanie, pendant laquelle il
étudie et travaille dans une filiale de l'entreprise
suisse d'électronique Brown Boveri. À 19 ans, le
jeune homme entreprend un voyage d'une année en
Angleterre où il est employé au centre minier des
Midlands à Birmingham. Durant ces deux années
à l'étranger, il écrit ses premiers
poèmes.
De retour en Suisse, il s'inscrit à
l'université de Neuchâtel où il
obtiendra une licence ès lettres. Il intègre la
Société de Belles-Lettres, où il côtoie le jeune
Denis de Rougemont (1906-1985). A cette même époque,
il découvre le surréalisme.
1927
Publication de son premier recueil de
poèmes, Cadran,
à l'enseigne de La Pensée latine à
Paris.
1928-1930
Trolliet part pour Paris avec
l'intention de travailler dans l'édition. Il y
séjournera une dizaine d'années.
À Paris,
il fonde avec ses deux compatriotes Aloÿs-Jean Bataillard (1906-1956)
et le poète Henri Ferrare (1905-1952), ainsi que son ami
Louis Salou (1902-1948), la revue poétique Raison d'être
qu'il dirige de 1928 à 1930. En France, il fait aussi
la connaissance de Max Jacob (1876-1944) et d'Oscar Milosz
(1877-1939).
1929
Petite
apocalypse, recueil de poèmes
édité chez Messein à Paris.
1931-1936
Éclaircies,
recueil publié aux Lettres de Lausanne par les soins de
Jean Descoullayes (1903-1961), ami de Gilbert Trolliet.
Captives de minuit,
poèmes de Gilbert Trolliet publiés à compte
d'auteur.
Regroupant des sonnets de la période
parisienne, La Vie extrême
paraît aux Éditions de Présence à
Genève.
De retour en Suisse, Gilbert Trolliet fonde en
1931, avec son ami Jean Descoullayes, futur conservateur du
Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne, la revue
littéraire Présence.
Le premier numéro paraît en janvier 1932. Ce
périodique présente des auteurs romands comme Gustave Roud (1897-1976) ou encore
le peintre genevois Émile Chambon (1905-1993).
Devant la grave
crise qui secoue l'Europe en proie à la
montée du fascisme, Présence se veut
également politiquement engagée, mais les
éditoriaux de Trolliet et ses prises de position, pas assez
radicales et orientées vers l'action selon certains,
auront peu de portée. La revue accueille néanmoins
des personnalités aux opinions différentes mais
marquées, comme le critique Albert Béguin
(1901-1957) ou l'essayiste Edmond
Gilliard (1875-1969). D'un rythme trimestriel, le
périodique passe à un rythme mensuel, ce qui
provoquera son déclin et l'interruption de sa
parution en 1936.
Mais l'infatigable acteur culturel
qu'est Trolliet est avant tout poète. Il se
consacrera sa vie durant à son œuvre poétique,
de facture classique, forte d'une trentaine de recueils. Il
y pose sur la destinée humaine un regard dans lequel le
doute l'emporte sur l'espérance.
1932
Itinéraire
de la mort, recueil composé de «textes
éruptifs», selon les termes de Gilbert Trolliet,
«sorte d'incantation de la vie antérieure et de
la naissance», est édité aux Cahiers du Sud
à Marseille. Le recueil sera rédité
chez Puyramond à Paris et aux Éditions de Présence
à Genève, en 1977.
1934
Prix romand de poésie. Aux Éditions de
Présence à Genève et Lausanne paraît le
recueil Vingt poèmes
de juin. Nouveau monde sort de presse
aux Éditions La Baconnière à Neuchâtel.
1936
Unisson,
recueil paru dans «Les Cahiers de Barbarie»,
publiés par les soins d'Armand Guibert (1906-1990)
aux Éditions de Mirages à Tunis.
1937
Paysages
confidentiels, publié aux Éditions de
Présence - Kundig à Genève.
1938
Le recueil
Poèmes mineurs paraît aux Éditions de
Sagesse à Paris.
Trolliet s'installe à Genève, ville dans laquelle il
mènera ses diverses activités de 1938 à 1978
tout en s'octroyant des escapades dans la capitale
française. Trolliet travaille comme fonctionnaire au sein
d'organisations internationales et poursuit ses
activités journalistiques et éditoriales en
collaborant à divers journaux comme la Tribune de
Genève et la Gazette de Lausanne, et à
de nombreuses revues telles que Suisse
romande (1937-1939), Formes
et Couleurs (1939-1953), Traits (1940-1945), Suisse contemporaine
(1941-1949) ou encore La Semaine
littéraire (1942-1943).
1940
Deux odes
est publié aux Éditions des Trois Collines à
Lausanne. Trolliet rédige «Ode à la
France» au soir de l'occupation de Paris, dans le
train entre Lausanne et Genève. Quant à «Ode
à la Fortune», il la compose lorsque qu'il est
attaché au Service d'écoute des informations
étrangères à Berne.
1942
Aux Éditions de l'Abbaye du Livre,
à Lausanne, paraît le recueil La Bonne Fortune.
1944
Offrandes
est publié aux Éditions des Portes de France à
Porrentruy. Mobilisé, Gilbert Trolliet est en service militaire actif à Soleure, puis à Zweisimmen dans le
canton de Berne.
1945
Fallait-il
paraît aux Éditions du Revenandray à Lausanne.
1946
En 1946, Gilbert Trolliet tente de relancer la
revue Présence.
Un seul numéro verra le jour.
1949
L'Inespéré,
paru aux Éditions des Trois Collines à Genève et
Paris, obtient le Grand Prix de littérature rhodanienne et
le grand Prix du 18e Congrès des
Écrivains de France.
1950
Les Éditions Pierre Cailler à Genève
publient La Balle au bond.
Le titre du recueil est emprunté au poète
français Pierre Reverdy (1889-1960). Plus tard, les
compositeurs suisses Pierre Wissmer (1915-1977) et Jean
Apothéloz (1900-1965) écriront des mélodies
sur ces chansons-poèmes.
1951-1952
Trolliet dirige entre 1951 et 1952 la Revue de Suisse qui
devient en 1955 Présence
et Revue de Suisse, et se poursuit
jusqu'en
1959.
1955
Pierre Seghers publie à Paris La Colline avec une couverture
et un hors-texte du peintre Hans Erni (1909-2015). Dans ce
poème lyrique composé de six chants, Gilbert
Trolliet a cristallisé la menace atomique qui pèse
sur le monde moderne.
1957
La Colline
(1955) est salué par le Grand Prix Apollinaire.
1961
Prix Van Lerberghe.
1962
Prends garde au
jour sort des presses des Éditions de Présence
à Genève avec une couverture illustrée par
Hans Erni. La parution de ce recueil marque un tournant dans
l'écriture poétique de Gilbert Trolliet: une
nouvelle veine s'y exprime. Sa poésie tend
désormais vers une extrême condensation verbale, une
disposition simple et dépouillée. Selon lui,
l'époque veut que plus rien ne puisse
s'incarner dans la prose usuelle et dans le vers. «La
terreur et la précarité rendent toute parole
poétique dérisoire. Mais au chant qui se refuse,
répond l'injonction de l'acte
d'exprimer».
1963
Gilbert Trolliet épouse Nicole Pauli (1927-
2011), fille d'André Alexandre.
1966
À Paris, Laconiques
est publié par Le Courrier du Livre.
1967
Avec la rose
paraît chez Perret-Gentil à Genève.
1968
Le Fleuve et
l'Être réunit des poèmes
rédigés entre 1930 et 1960. Il paraît aux
Éditions La Baconnière à Neuchâtel.
Prix
Schiller.
1969
Deux recueils et un article à
caractère autobiographique sortent de presse:
&. Douze textuels chez Parisod
à Lausanne,
Fabliaux
aux Éditions Henry Fagne à Bruxelles,
«Autoscopie», article publié par l'Institut
national genevois.
Entre 1969 et 1980, Gilbert Trolliet tentera
en vain et à de nombreuses reprises de relancer la revue Présence.
1970
Prix international des Amitiés
Françaises.
1971
L'Ancolie
paraît aux Éditions de Présence - Kundig à
Genève.
Prix Brocéliande.
1973
Les Éditions de Présence publient Le Calepin.
Le recueil Visites sort des presses des
Éditions L'Age d'Homme à Lausanne.
1975
Le Qui-vive
paraît aux Éditions Messeiller à Neuchâtel et
Le Hameau à Paris.
1977
À Paris, les Éditions Caractère publient Et l'aube rouvre son poing.
1980
À la fin de sa vie, Gilbert Trolliet
s'établit avec sa femme Nicole en Bourgogne. Il meurt
le 24 février à Châlon-sur-Saône.
1981
Blanc sur Noir
est publié par Panorama à Bienne.
1986
L'anthologie intitulée Choix de poèmes
paraît aux Éditions Caractères à Paris.
Divers
hommages ont été rendus à Gilbert Trolliet
après sa disparition. Une émission
radiophonique enregistrée par la Radio
Télévision Suisse lui a été
consacrée, qui réunit ses amis Janine Buenzod et le
poète Vahé Godel (né en 1931);
ils nous font découvrir non seulement la
personnalité attachante de cet homme de lettres, mais aussi
les caractéristiques de l'œuvre du poète.
1992
Par décision du Conseil d'Etat de Genève, le
chemin sans dénomination reliant l'avenue du Bouchet,
à la hauteur du chemin du Mervelet, à l'avenue
Jean-Trembley (numéro 23) portera, en hommage au
poète genevois, le nom de Gilbert Trolliet.
Références bibliographiques
Doris Jakubec, «Gilbert Trolliet», Dictionnaire
historique de la Suisse, page consultée le 2 novembre 2016
sur
http://www.hls-dhs-dss.ch/textes/f/F16177.php
Michel Jarrety, Dictionnaire de la poésie de Baudelaire à nos jours, Paris, Presses Universitaires de France, 2001, p.789.
Gilbert Trolliet, « Autoscopie »,
Actes de l'Institut national genevois, 1969, pp. 1-33.