Edmond Gilliard naît le 10 octobre 1875 à Fiez, dans le
canton de Vaud, et décède le 11 mars 1969 à
Lausanne. Après une licence ès lettres classiques
obtenue à l'université de Lausanne en 1901, il
séjourne jusqu'en 1904 à Paris. De retour en
Suisse, il s'installe à Lausanne où il enseigne la
littérature française au collège, puis au
gymnase jusqu'en 1935. Enseignant charismatique, il transmet à
une partie de la jeunesse vaudoise, promise aux carrières
libérales, son éthique humaniste fondée sur le
libre épanouissement de la personne. Il fonde les Cahiers
vaudois, en 1913, avec Paul Budry. Son œuvre se
présente sous des formes très diverses : essais
d'ésotérisme et de philosophie (La croix qui tourne,
1929; La Dramatique du Moi, 1936-1940), poésie,
pamphlet (L'École contre la vie, 1942), journal, critique
littéraire. Edmond Gilliard est l'un des premiers à
revendiquer l'autonomie d'une littérature authentiquement
vaudoise dans Du pouvoir des Vaudois publié en 1926.
Dès les années 1930, il réunit autour de lui un
groupe composé d'anciens élèves qui le
soutiennent dans la critique des institutions et de
l'establishment. Personnage central de la vie culturelle de
l'entre-deux guerres, Gilliard a contribué à
façonner un pôle intellectuel en marge des canons
esthétiques traditionnels et des réseaux de diffusion
institutionnels. Il reçoit le prix d'honneur de la Fondation
Schiller pour l'ensemble de son œuvre en 1954 et le prix de la
Ville de Lausanne en 1964.
http://www.hls-dhs-dss.ch/textes/f/F16075.php
Florence Bays, Carine Corajoud, Edmond Gilliard et la vie
culturelle romande, Éditions Antipodes, Lausanne, 2010
En 1928, Gilbert Trolliet fonde à Paris la revue Raison d'être. L'année suivante, il entame une correspondance avec Edmond Gilliard à qui il s'adresse par un « Cher Maître ». Il lui demande conseil, s'assure de son soutien et de sa collaboration à la revue, lui envoie ses premiers textes poétiques, que son aîné juge parfois sévèrement. De retour en Suisse, Trolliet participe à d'autres revues (Présence, La Semaine littéraire, Revue de Suisse) pour lesquelles Gilliard est toujours sollicité comme collaborateur ou comme membre du comité de patronage. Quant à Trolliet, jusqu'à la mort de son correspondant, il rendra compte des œuvres d'Edmond Gilliard aussi bien dans la presse que dans les revues.